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succédé ; je me sentais seulement profondément mal heureuse et abattue. J’avais et j’ai encore un caractère assez singulier : c’est que dès que le premier moment de désespoir est passé, je fuis une explication ; car elle me semble inutile, persuadée que je suis qu’elle ne me convaincrait pas.

Je me déterminai donc à me taire, à laisser M. de Bermon libre ; mais je pensai qu’il n’avait aucun droit de m’imposer des lois, et je résolus d’aller au bal le soir même. Cependant, je puis l’attester, j’espérais encore qu’il rentrerait, qu’il chercherait une explication. J’étais décidée à lui dire alors que je connaissais ses torts, que je lui pardonnais de ne plus m’aimer, mais que je le conjurais de se souvenir que j’étais la mère de son fils ; enfin, j’arrangeais mille raisonnemens ; mais il ne rentra pas, et vainement j’attachai avec lenteur chaque partie de ma parure ; je voulais lui donner le temps de revenir, les heures s’écoulaient, il ne parut pas.

« Il est encore près d’elle, » m’écriai-je en frémissant de colère, et, poussée par mon malheur, je partis.

Les soins, les éloges dont je fus l’objet me firent du bien ; car, quelque inférieure que vous soit une rivale, on se sent toujours humiliée d’en avoir une : je savais gré au monde de me traiter si bien, de me relever ainsi à mes propres yeux, et pendant quelques heures