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opposition avec ses propres idées ; mais il était loin de penser que jamais son fils pût lui résister ; il ne lui venait point à l’esprit que les passions, même les plus vives, pussent jamais engager Lionel à le contrarier dans la moindre chose. C’était donc exempt de la plus légère crainte qu’il avait arrangé, sans le consulter, un riche mariage pour Lionel. Accoutumé à régner en des pote chez lui, ne permettant pas même une observation à la faible lady Edgermond, il ne formait pas le moindre doute sur l’accomplissement de ses projets ; cependant il était une personne de sa famille qui osait lui résister, ou, du moins, qui se permettait des observations, c’était miss Anabelle. Les rapports qu’il y avait dans son caractère avec celui de son père, sa fortune indépendante, son genre de beauté dont elle était fière et qui se rapprochait de celui que lord Edgermond avait possédé dans sa jeunesse et dont il avait été si glorieux, tout donnait à miss Edgermond un grand empire sur son père ; malheureusement elle n’en usait pas pour le bonheur des autres. Ce fut elle qui se plaignit la première de l’absence de son frère, car il lui manquait pour compléter une contredanse. Mais Lionel oubliait, en regardant la pauvre Amélie, la brillante société qu’il avait laissée au salon ; ah ! que n’aurait-il pas donné pour pouvoir offrir des consolations à l’orpheline ; pour lui dire qu’elle n’était plus seule