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ment, je ne retenais qu’avec peine mes cris et mes sanglots. Si je me calmais un instant au bruit d’une voiture qui s’approchait de la maison, mon agitation et ma douleur s’augmentaient quand en passant elle emportait ma fugitive espérance. Enfin, je résolus d’en finir avec mon supplice, et m’enveloppant d’un sombre vêtement, moi si craintive ordinairement, je m’élançai seule dans les rues presque solitaires.

Je savais où logeait Louise, et je fus bientôt en face de sa maison. La voiture de M. de Bermon était à la porte. Heureusement, je me mis à fuir ; car mille pensées sinistres, mille projets remplis de fureur et de folie m’auraient entraînée au-delà des bornes. Mais il fallait passer un pont pour retourner chez moi, et je conçus une fatale pensée, que ni la crainte de Dieu, ni le souvenir de mon fils n’auraient arrêtée, si je ne me fusse répeté que je voulais dire adieu à Charles, que je voulais qu’il sût que c’était son infidélité qui me donnait la mort.

Il y avait peu de temps que j’étais de retour quand la voiture de M. de Bermon se fit entendre. Des fenêtres de ma chambre je voyais les siennes éclairées : il me sembla qu’il remarquait que je veillais encore ; un moment j’eus l’espoir qu’il viendrait, mais il ne vint pas ; et le matin, quand on entra dans mon appartement, j’appris qu’il était déjà sorti.

Ma colère était passée, le découragement lui avait