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celle de mon fils, et j’attendis mon arrêt ; car un pressentiment me disait que je l’avais mortellement offensé. Long-temps il garda le silence ; enfin, il ordonna à l’enfant de nous laisser.

« Marceline, » prononça Charles ; et sa voix prit une inflexion que je ne lui avais jamais connue ; « Marceline, vous m’avez profondément blessé, et je ne puis vous pardonner qu’à plusieurs conditions. »

Je levai les yeux. Qu’il était changé ! ses regards si doux, cette expression de tendresse habituelle, tout avait disparu. C’était un juge sévère, un maître ; ce n’était plus Charles l’amant, l’époux de mon choix.

« À plusieurs conditions, répéta-t-il avec fermeté, et les voici : Ne plus aller dans les maisons où se trouve M. de Morange ; ne jamais vous montrer dans le monde sans moi, et venir à l’instant même vous excuser au près de ma cousine.

— Jamais ! m’écriai-je ; le trouble est entré avec elle dans cette maison. Je puis obéir à la première de vos conditions, mais j’en mets une, à mon tour : c’est que vous cesserez de voir cette femme dont la ridicule passion…

— Arrêtez ! s’écria Charles avec indignation, ne vous avilissez pas en calomniant votre époux. Je ne cesserai point de protéger une parente qui fut la compagne de mon enfance ; je ne serai point ingrat pour satisfaire