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souriais à tant d’éloges, tandis que le chagrin dévorait mon cœur : car à cette fête dont j’étais la reine, une voix sourde semblait me crier : « Malheureuse ! tu cours à ta perte. » Encore, si j’avais voulu l’entendre cette voix qui ne trompe jamais, il était temps encore, je serais rentrée de suite chez moi, et, avouant franchement mes torts, j’en aurais obtenu le pardon ; j’aurais retrouvé mon empire sur un cœur qui m’appartenait tout entier ; mais il était quatre heures du matin quand je me retrouvai dans ma chambre, dans cette chambre que depuis six ans je n’avais jamais occupée seule. Elle était solitaire.

Je fus jusqu’à la porte de l’appartement de Charles ; une indigne fierté m’empêcha d’entrer. Hélas ! si je l’eusse fait, que mon sort eût été différent !

Rentrée dans ma chambre, j’arrachai les fleurs qui chargeaient mon front. Combien je les haïssais ces parures de fête ! quelle pâleur avait remplacé l’éclat qu’on admirait il y avait si peu d’instans ! Je me sentais suffoquée, mourante ; mais je n’appelai point. Peut être serait-il venu par pitié, et je ne voulais devoir son retour qu’à l’amour. Épuisée, je tombai dans un lourd sommeil. À mon réveil, j’appris que M. de Bermon était sorti avec sa cousine.

Charles revint seul. À son approche, mon cœur se serra ; je n’osai lever les yeux, je cachai ma tête sur