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Alors j’en voulus à Charles d’avoir des souvenirs que je ne pouvais partager, et je m’isolai de lui. J’allai seule dans le monde ; mes talens, que je n’avais cultivés jusque là que pour mon mari, me servirent à y plaire ; je négligeai ma maison, mais jamais mon fils. Au contraire, je me faisais un bonheur de l’enlever à son père, ou plutôt je ne voulais pas qu’il restât entre Louise et lui.

Charles me reprocha doucement ma conduite ; je mis de l’aigreur dans mes réponses. J’avais trop de fierté, trop de vanité pour avouer que j’étais jalouse d’une femme que je trouvais si fort au-dessous de moi ; mais je me moquai de son air sentimental, je tournai en ridicule les soins que Charles lui rendait : il m’eût par donné ma jalousie, mon injustice l’irrita.

« Eh ! quoi, me disait-il, voudrais-tu que je fusse ingrat ? La mère de Louise a élevé mon enfance, et je refuserais d’aider à assurer un peu plus d’aisance à sa vieillesse ? »

Je me repentis ; je me jetai dans les bras de Charles ; mais ce n’était que pour quelques rares instans que je retrouvais du bonheur : la défiance était entrée dans mon âme, elle n’en sortit plus.

À cette époque, ma société habituelle s’occupait beaucoup de la grande passion de M. de Morange pour moi. Jeune, gai, ne s’occupant que de plaisirs, M. de