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sait les consolations de Nolly, et répétait qu’elle n’irait point le lendemain au château, où elle ne retrouverait probablement ni consolations ni amitié.

Lionel voyait toute cette scène au travers d’une des fenêtres dont on avait négligé de fermer les volets ; la lumière, toute faible qu’elle était, lui permettait de distinguer la taille et la figure d’Amélie. Qu’elle lui semblait belle et touehante ! combien il trouvait de douceur et de dignité dans ce front pâle, dans ces grands yeux noirs baignés de larmes !

Les regards attachés contre la fenêtre, Lionel oubliait qu’il avait quitté le château de son père à une heure où l’on s’étonnerait certainement de son absence.

Lord Edgermond avait élevé son fils avec une grande sévérité ; car, dès la plus grande jeunesse de Lionel, il avait reconnu en lui les défauts qui lui étaient le plus antipathiques : une sensibilité facilement exaltée et une imagination vive et romanesque. Lionel était l’héritier d’un grand nom et d’une immense fortune ; il avait reçu une brillante éducation : on lui avait enseigné des talens agréables et tout ce qui fait un gentleman accompli. Cette éducation, lord Edgermond l’avait fait donner à son fils parce que son rang et sa vanité l’exigeaient ; mais il n’avait jamais songé à raisonner avec lui, à interroger son cœur, à calmer sa tête ; il s’irritait bien de le voir trop sensible, de le sentir trop facilement en