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noncait des paroles si éloquentes pour défendre le malheur et repousser l’injustice !

Jamais tant de modestie et de bonté ne s’unirent à tant de talens acquis et de dons naturels. Un seul défaut, si on peut donner ce nom à l’exagération de la vertu, un seul défaut effrayait ce qu’il aimait : Charles montrait une sévérité extrême pour les autres et pour lui-même. Une morale pure et droite était l’élément dans lequel il fallait qu’il vécût ; il lui était nécessaire comme l’air à un autre, et toute faiblesse qui pouvait blesser les convenances ou faire écarter du devoir lui paraissait impardonnable. Long-temps il refusait d’y croire ; mais, s’il en obtenait la conviction, il fuyait l’insensé qui pouvait ainsi exposer son repos, car il était convaincu qu’il n’y avait de bonheur que dans la route du devoir. Et c’est d’un tel homme que j’ai consenti à me séparer ! c’est d’un tel homme que j’ai causé le malheur ! Et chaque heure de ma vie ne serait pas un regret !!

Depuis que M. de Bermon occupait un rang élevé dans le barreau, et que son caractère et ses talens lui avaient acquis une considération qui rejaillissait sur son heureuse compagne, quelque plaisir que nous éprouvassions dans la solitude, il fallut bien pourtant aller dans le monde. J’avais du penchant à la jalousie, mais jamais, jusqu’alors, Charles ne m’avait donné la moin-