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En achevant ces mots, Charles appuya sa tête sur mes mains tremblantes, et je sentis couler ses larmes.

Le lendemain de cette entrevue, madame Darcy, qui beaucoup mieux, reçut de son neveu l’aveu de sa tendresse pour moi. Sans doute elle fit plus d’une objection avant de consentir à notre mariage ; mais quels obstacles ne sont pas vaincus par un sentiment vrai ? il rend aussi persuasif qu’éloquent, et notre union fut conclue.

Comment essaierais-je de peindre le bonheur de notre modeste existence, le charme de notre intérieur ! Le travail qui retenait Charles loin de moi ne me faisait que mieux sentir le plaisir de me retrouver seule avec lui, et les mois se passaient sans que nous ressentissions ni un regret ni un moment d’ennui.

Je devins mère, et le jour où je remis mon fils dans les bras de son père, le jour où je le vis bénir ce fruit de notre amour, je demandai au ciel quelles délices il réservait pour les anges.

La réputation de Charles croissait ; on le recherchait, chacun voulait lui confier ses intérêts ; et l’estime qu’on faisait de ses talens le menait rapidement à une plus grande aisance. J’obtenais quelquefois d’aller l’entendre plaider ; comme j’étais fière alors de porter son nom ! comme je retenais mon souffle pour mieux écouter cette voix douce et sonore qui pro-