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blante ; aussi me ramena-t-il doucement vers un siége.

« Je suis libre, continua-t-il en fixant son doux regard sur le mien, je suis libre et je vous aime depuis le premier instant qui vous offrit à ma vue. Je me suis tu, cependant : avant tout, je me devais au bonheur d’une autre ; car j’ai toujours pensé que le premier devoir d’un honnête homme était de ne détruire le repos de personne. Veuillez m’entendre : j’ai été élevé avec ma cousine, à peu près du même âge que moi ; son amitié m’était chère, elle avait pu prendre la confiance de la mienne pour de l’amour ; j’ignorais moi-même si je n’en avais pas jusqu’au moment où je vous vis, Marceline. Mais devais-je condamner Louise au tourment d’un attachement sans espoir ? Je ne cherchai point à vous revoir, et la circonstance qui nous rassembla une seule fois me prouva combien j’avais eu raison, car je partis encore plus malheureux après la fête de madame Darcy. Je trouvai Louise malade ; ma vue la ranima ; nous reprîmes nos promenades et nos conversations intimes ; elle m’interrogea sur mes goûts, sur mes occupations ; elle vit que le grand monde ne me plairait jamais, et que la vie sédentaire était celle que je préférais. Cependant, avec un tact que les femmes seules possèdent, elle devina que j’avais de l’amour et que ce n’était pas pour elle. Elle sut mon secret tout entier ; je lui parlai de vous, je m’enivrai de ma passion en osant m’y livrer.