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que celui des autres : je dormais si peu que je n’avais pas grand mérite à lui consacrer le temps de mes insomnies. Son état cessa enfin d’avoir du danger, elle entra en convalescence ; mais cette convalescence demandait les plus grands soins.

Un matin qu’elle dormait, je restais dans la pièce qui précédait celle où elle reposait, quand le bruit d’une porte ouverte avec vivacité m’effraya ; je me levai, c’était Charles… Ses yeux, sa figure, ne portaient plus aucune marque d’abattement ; leur expression était brillante et animée ; le contraste de la mienne le frappa.

« Bon Dieu ! s’écria-t-il, qu’avez-vous donc ? que vous êtes changée ! Ma tante ?…

— Elle a été bien mal, répondis-je ; mais elle est hors de danger ; elle dort, ne troublez point son sommeil. » Et je m’acheminai vers la porte ; je voulais fuir, car il me semblait que Charles n’avait l’air si gai, si heureux que parce qu’il était l’époux de Louise.

Charles étendit vers moi sa main comme pour m’arrêter ; et sa figure perdit toute sa sérénité.

« Vous me haïssez donc ? dit-il d’une voix triste ; et quand je reviens libre, quand je viens supplier ma tante de m’aider à vous obtenir, je vous trouve si pressée de me quitter… »

Mes yeux se levèrent vers les siens, et il put deviner que ce n’était pas la haine qui me rendait si trem-