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un devoir que de vivre. Oh ! comme elles sont fortes ces premières douleur du cœur ! comme elles éveillent les passions injustes ! et comme je haïssais cette Louise d’aimer Charles et de se croire le droit d’en être aimée !

Je traînai pendant quelques jours une existence triste et sans courage, et je dus mettre mon abattement sur le compte d’une indisposition ; cependant je refusai de suspendre les devoirs que je m’étais imposés.

« Tâchez pourtant d’être bien portante pour ma fête, me dit madame Darcy ; Charles a reculé son départ pour y assister.

— Il part donc ? dis-je à voix basse.

— Oui, la santé de Louise l’inquiète, et rien ne le retient quand il s’agit du repos de ce qu’il aime. »

Qui le croirait ? il allait partir, et partir pour s’unir sans doute à une autre ; et cependant une joie indicible entra dans mon âme à l’idée de le revoir encore une fois ; ma tête, penchée vers la terre, se releva ; mes yeux reprirent leur éclat, et le jour de la fête, je ne pour rais peindre l’étrange émotion qui m’agitait. Mes mains ne pouvaient attacher la modeste ceinture qui serrait ma taille ; un instant j’avais eu l’intention de me parer des derniers présens de ma tante ; pourtant, rejetant cette idée, je relevai sans aucun ornement mes cheveux noirs ; mais je ne pensai pas sans orgueil que souvent on en avait vanté la beauté.