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Mais qu’était-ce que cette sévérité de la nature, cette désolation que présente toujours l’hiver en Angleterre, comparées à l’aspect lugubre de l’intérieur de la chaumière. Assise près d’un lit désert, une jeune fille, les yeux gonflés de larmes, les cheveux en désordre, demandait à Dieu la force de supporter un malheur qui, quoi que attendu, n’en était pas moins affreux pour elle.

Mistriss Delmar, ou plutôt mistriss James Edgermond, était morte sur cette couche grossière près de laquelle sa fille était assise ; c’était là qu’elle avait recommandé à sa pauvre Amélie de la patience et de la dignité dans le malheur ; là elle était morte avec calme, presque avec joie, puisqu’elle allait rejoindre celui qu’elle avait tant aimé, et qu’Amélie lui avait promis de se résigner. Mais Amélie avait trop compté sur ses forces, car il y avait dix jours que sa mère était morte, et elle la pleurait avec la même amertume : cette amertume s’augmentait encore à la pensée de quitter le lendemain la vieille Nolly, qui l’avait aidée à soigner sa mère.

« Non, répétait-elle avec une inexprimable angoisse, non, il est impossible qu’elle m’ait laissée seule au monde, qu’elle soit partie sans moi. »

Vainement la bonne Nolly rappelait-elle à Amélie les promesses qu’elle avait faites à sa mère, la blessure était trop fraîche, le malheur trop récent, pour que la résignation pût encore se faire entendre. Amélie repous-