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vinssent une ressource honorable pour moi. Fière de cette espérance, je ne perdis pas un moment ; je ne pris ni récréation ni presque de repos, et je recueillis au bout de peu de mois le prix de mon courage ; les maîtres que j’avais conservés m’annoncèrent qu’ils n’avaient plus rien à m’apprendre, et que je pouvais à mon tour enseigner : ils supposaient sans doute que je ne m’étais donné tant de mal que pour obtenir les premiers prix.

En effet, je devais m’attendre à en recevoir ; mais il me restait encore à savoir que le talent ne suffit pas. Hélas ! je n’avais plus maintenant de parens qui pussent s’enorgueillir de mes succès et en témoigner leur reconnaissance, et le jour des prix arriva pour me prouver, avant même d’entrer dans le monde, le malheur attaché à la pauvreté.

La salle des prix était décorée de fleurs ; mes jeunes compagnes, parées comme pour une belle fête, regardaient leurs parens inquiets. Ceux-ci, les yeux fixés sur l’arène où allaient se débattre tant de jeunes vanités, virent plus ou moins leurs espérances satisfaites, et peu à peu mes compagnes s’éloignèrent, la plupart heureuses et satisfaites, pour aller sous le toit paternel.

Alors je sortis de cette salle où j’avais connu la douleur, sans cependant connaître l’envie ; je m’enfuis au bout du jardin d’ordinaire si bruyant. Ah ! l’on ne peut bien exprimer cette déception amère qui apprend à