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Cette dame était ma tante, la sœur de mon père. Mon grand-père n’était plus, et elle venait au château pour les affaires de la succession ; là seulement elle apprit que madame Durand avait relégué dans la ferme la fille de son frère.

Bientôt je devins la favorite, l’idole de ma tante ; et tout le temps qu’elle demeura à la campagne, elle ne s’occupa que de moi. Mais, de retour à la ville, sa vie se passait dans les plaisirs. Je restais bien près d’elle quand elle demeurait à la maison ; mais cela arrivait si rarement, que je retombai encore une fois entre les mains des domestiques, soigneux et attentifs, il est vrai, mais qui ne pouvaient s’occuper de mon éducation. Ma tante n’y aurait peut-être pas songé de long-temps ; mais son mari fut nommé de nouveau à une ambassade ; il était impossible d’emmener une fille déjà grande, et qui savait à peine lire. On me mit en pension ; ma tante ordonna qu’on me donnât les meilleurs maîtres ; elle combla de présens tout ce qui m’entourait, et partit persuadée que je serais très-bien élevée.

En effet, j’avais de l’intelligence, de l’amour-propre j’étais honteuse d’être ignorante, et j’appris tout ce qu’on m’enseigna avec une merveilleuse facilité. Mais si les torts de mon éducation furent bientôt réparés, on n’apporta pas les mêmes soins à des choses non moins importantes. Toutes jugées en masse, élevées sur le