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dame Durand, ne l’oubliez pas. Il faut la loger près de vous, en avoir soin, puis nous verrons pour son éducation.

— Quoi monsieur, garder ici un enfant de cet âge, qui fera du bruit, qui vous dérangera ? »

Hélas ! moi, timide objet de cette crainte, je me cachais derrière le grand fauteuil, et j’étais bien loin d’avoir l’intention de causer le moindre trouble.

« Nous verrons, reprit mon grand-père ; faites toujours préparer sa petite chambre, et qu’elle reste là. »

Madame Durand sortit en me lançant un regard irrité ; mon grand-père me tendit la main, je la saisis dans les miennes et y appuyai mes lèvres : je sentais que c’était mon seul appui. Il écarta doucement les boucles de cheveux qui couvraient mon front et me rapprocha de lui.

« Ce sont les yeux de mon pauvre Alphonse, murmura-t-il tout bas ; ils ont la même expression ; mais les siens sont éteints pour jamais ; pour jamais… »

Et des larmes silencieuses coulèrent le long de ses joues flétries. Nous entendîmes qu’on s’approchait ; L’instinct me dit de m’éloigner de mon grand-père, tandis qu’au même instant il essuyait ses larmes et détournait la tête.

« La chambre de mademoiselle est prête, si elle veut venir se coucher, » annonça madame Durand. J’allais