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Notre père qui êtes aux cieux ; car, si je ne comprenais pas toute l’étendue de la perte que je venais de faire, je savais du moins que je n’avais plus d’appui sur la terre. Le prêtre priait toujours et moi je pleurais, quand la femme de chambre de ma mère entra, me fit sortir, me remit dans mon lit en m’ordonnant de me tenir tranquille. Les larmes amenèrent l’abattement, et je m’endormis.

À mon réveil il n’y avait plus aucune trace de ma mère !… Les domestiques s’en furent les uns après les autres. Agathe, la femme de chambre, ferma l’appartement, me fit monter ensuite dans une voiture de place, et quel que fût le temps que nous mîmes à parcourir une longue distance, je trouvai que nous étions encore arrivés trop tôt en face d’un grand hôtel sur la place Royale. Tout m’y sembla sombre : de grands escaliers voûtés, de larges marches de pierre conduisaient à une porte à deux battans qui s’ouvrait sur une vaste antichambre où était assise une femme grande et maigre qui vint au-devant de nous. Elle paraissait m’attendre, mais sans aucun sentiment de bienveillance ; et quand sa main saisit la mienne pour me séparer d’Agathe, je m’attachai à celle-ci comme à ma dernière espérance.

« Qu’a donc cette petite sotte ? s’écria la grande femme, va-t-elle commencer à nous donner de l’embarras ?