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moi d’aller voir cette pauvre Amélie ; Bickman pourrait m’y conduire : elle doit être si isolée que je ne puis penser à elle sans me sentir profondément émue.

— Je ne dois point vous permettre cette démarche, répondit lord Edgermond, car je ne puis souffrir qu’on recherche les scènes de sensibilité ; et vous surtout, plus qu’une autre, vous devez les éviter, Marie ; déjà faible et malade, il est inutile que vous vous énerviez davantage. Occupez-vous plutôt de votre toilette ; déjà la matinée s’est passée, et à peine avez-vous le temps de vous préparer pour le dîner. »

La famille se sépara, et, excepté Marie et Lionel, personne ne pensa que dans une chaumière abandonnée pleurait une orpheline qui avait tant de droits à l’intérêt. Miss Edgermond, la plus haute et la plus impérieuse de toute la famille, éprouva seulement un moment d’humeur en pensant qu’on avait pu vanter en sa présence la beauté et les talens d’une autre femme, mais cette femme était obscure, sans richesse, elle ne pouvait lutter avec elle ; et quand elle eut fini sa toilette et qu’elle entra brillante de parure dans le salon de sa mère, la contrariété qu’elle avait éprouvée était entièrement dissipée. Marie, au contraire, ne pouvait oublier ce que son père leur avait raconté le matin : elle n’osait l’accuser de cruauté, mais elle se promettait, autant qu’il serait en sa puissance, d’adoucir le