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— Déshérité ! s’écria Lionel en se levant. Ah ! sans, doute, milord, devenu maître de votre fortune, vous cherchâtes votre frère, vous lui offrites…

— J’étais déjà père quand le mien mourut, mon fils ; cette fortune appartenait à mes enfans ; je ne dus point la prodiguer à un fils rebelle, à un dissipateur sans doute qui, au surplus, ne m’a jamais rien demandé. »

Ces derniers mots, lord Edgermond les prononça avec beaucoup de gravité, avec le ton d’un homme persuadé d’avoir fait son devoir. Une partie de la famille partageait certainement cette opinion ; mais les yeux de Lionel et de Marie se baissèrent involontairement, pour que leur père n’y pût lire un blâme qui lui au rait déplu. Lord Edgermond reprit :

« Voici une lettre que j’ai reçue de mon frère, je vais vous la communiquer, lady Edgermond ; comme il s’agit de quelques arrangemens de famille, il est convenable que vous en soyez instruite : cette lettre, mon frère l’a écrite à son lit de mort. » En prononçant ces paroles, la voix de lord Edgermond n’était pas même émue, il n’y avait pas une larme dans ses yeux pour ce frère mort déshérité, et ce fut avec fermeté qu’il lut ce qui suit :

« Quand vous recevrez cette lettre, la main qui l’écrit, mon frère, sera froide et insensible. Mon frère ! que