Page:Collectif - Le livre rose - 4.pdf/21

Cette page n’a pas encore été corrigée

« Une partie de nos hôtes est à la chasse, d’autres sont dans leurs appartemens, dit milord ; le hasard nous sert bien, et je puis vous entretenir d’un événement dont je n’ai pas cru devoir vous instruire jusqu’à ce moment, attendu que je me croyais assez de force d’esprit et surtout de caractère pour gouverner parfaitement ma maison et ma famille. Aussi, dans cette circonstance, ajouta-t-il avec importance et dignité, c’est bien moins pour vous consulter que pour vous annoncer mes intentions……

— Et qui a jamais tente de vous désobéir, milord ? interrompit lady Edgermond avec fatigue ; à quoi bon ce préambule ? Parlez, nous vous écoutons.

— Vous savez, reprit lord Edgermond, que j’eus un frère. James avait dix ans de moins que moi ; élevé par ma mère et par une des sœurs de lady Edgermond, qui avait épousé un Français, James puisa dans cette éducation, dirigée par des femmes, un caractère exalté et romanesque qui déplut beaucoup à mon père ; ce mécontentement devint d’autant plus vif que toutes les promesses de madame de Verville, notre tante, n’eurent aucune exécution. Son mari fut ruiné par la révolution de France, et ainsi s’évanouirent toutes les espérances de James à cette fortune. Alors mon frère, qui s’était cru long-temps indépendant et dont la tête était impressionnable et légère, refusa d’obéir aux volontés de