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ture élevée, même un peu massive, et surtout une entière absence d’élégance ; ses yeux, d’un bleu clair, ne réfléchissaient qu’une expression de hauteur dédaigneuse, qu’elle décorait du nom de dignité. Placée dans une classe obscure, miss Edgermond eût paru une femme désagréable ; mais sa naissance était illustre, et, outre les espérances qui lui venaient du côté de son père, elle avait hérité d’une de ses tantes ; depuis cette époque, miss Anabelle était citée comme une belle femme, et ses défauts étaient déïfiés comme des qualités. Miss Lucy, sa sœur, moins favorisée du côté de la fortune, ne l’était pas beaucoup plus par la nature ; cependant il y avait moins de dureté dans son regard, et, si elle s’était défaite de quelques prétentions ridicules, on eût pu la trouver assez agréable. Mais la perle de la famille, et pourtant la victime de ses sœurs, c’était la frêle et douce Marie : venue avant terme, ayant causé de terribles douleur à sa mère, qui, depuis cette époque, n’avait jamais pu rétablir sa santé, la pauvre Marie eût paru de trop au monde, si son frère Lionel n’eût pas été là pour l’aimer et la protéger. Douée d’une de ces organisations délicates qui donnent toujours de l’inquiétude aux cœurs qui les aiment, l’esprit et l’intelligence de Marie avaient laissé bien loin derrière elle son physique : on eût dit que la nature lui avait accordé en intelligence ce qu’elle lui avait refusé en force. Cependant