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de lui dire une impertinence qui amenât une explication entre nous.

— Un duel ! s’écria l’amiral.

— Et pourquoi non ? Ne serait-il donc pas permis à un honnête homme de donner une leçon à un fat qui se plaît à détruire le bonheur des familles ? Savez-vous, mon ami, combien ce Devereux a déjà désuni de ménages ? Rien n’échappe à son dangereux esprit ; une ange même peut être flétrie ou souillée par sa langue empoisonnée.

— Et de qui parlait-il donc ? s’écria avec une soudaine chaleur l’amiral se levant à demi et oubliant ses jambes impotentes. Par hasard le nom de ma fille…

— Dieu l’en préserve ! interrompit lord d’Estall avec une colère concentrée ; mais la manière dont il s’exprime sur les femmes les plus innocentes et les plus pures apprend assez qu’il ne ménage personne. Ce qui m’étonne, du reste, c’est que sir Nellys se plaise dans sa société ; ils se voient souvent, et même ils se quittaient quand lord Devereux m’a abordé. »

En effet, Devereux, durant une promenade qu’il venait de faire avec sir Nellys, n’avait nommé personne, mais il avait plaisanté sur les maris assez crédules pour croire à l’amitié désintéressée et aux soins innocens d’un jeune homme auprès d’une femme. Le coup avait porté, et sir Nellys était rentré profondément irrité contre Henriette.