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— Eh bien ! mon père, Edouard prétend qu’une femme qui se respecte ne doit jamais se remarier, et que surtout elle doit se garder d’épouser un homme qu’elle aurait aimé avant son mariage, dans la crainte que le monde ne suppose qu’elle conservait pour lui durant son premier hymen des sentimens qui pouvaient blesser les convenances et la vertu.

— Mais mistriss Nervinge ne s’est-elle pas parfaite ment conduit avec son premier mari ?

— Sans doute ; car, jeune et charmante, elle n’a pas quitté un instant le lit d’un vieillard malade et grondeur. Mais Edouard n’assure pas moins que c’est une femme dont la société peut nuire à une jeune personne ; moi, je la trouve bonne et aimable : aussi je ne dis pas à sir Nellys toutes les fois qu’elle vient ici. »

L’amiral leva les épaules ; mais, comme s’il se fût repenti de ce mouvement, il dit bien vite :

« Il faut faire ce qui convient à ton mari, mon enfant, sans trop t’occuper de ce que pensera le vieux lord. Quant à moi, je resterai dans mon appartement, où tu viendras le plus souvent possible. Je suis sûr aussi que lord d’Estall ne m’abandonnera pas. Voilà un bon et brave garçon ! si élégant, si aimable, si recherché, et pourtant n’oubliant pas de venir faire ma partie d’échecs ! Va, quoique nous soyons plus tristes l’un et l’autre quand tu n’es pas là, eh bien ! il