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j’ai bien recommandé, pendant le peu de temps que tu y es restée, qu’on ne gâtât pas ton charmant naturel ; mais, après tout, ta fortune et ta naissance ne sont pas inférieures à celles de sir Nellys, et si son père s’avisait de te montrer quelque dédain…

— Oh ! certainement, non, mon père, il en est incapable. D’ailleurs, je sais et j’avoue qu’il me manque bien des choses : je parle souvent sans réfléchir ; je suis gaie sans penser peut-être qu’il vaudrait mieux que je fusse sérieuse ; je ne sais point cacher mon ennui, et, à vous parler franchement, mon père, ajouta la naïve Henriette, je ne me plais qu’avec les gens qui m’amu sent. Et, tenez, toutes les personnes que sir Nellys m’a fait connaître m’ont presque déplu ; je me sens mal à l’aise en leur présence ; une seule m’aurait convenu, c’est mistriss Nervinge ; mais Edouard m’a dit que, quoi qu’elle fût notre parente, il ne fallait pas l’attirer ici.

— Et pourquoi donc ?

— Mistriss Nervinge est mariée en secondes noces, et elle aimait, dit-on, son second mari, quand, toute jeune fille, on la donna à un autre. Sir Nervinge partit alors pour les grandes Indes, et ne revint que quand il sut sa bien-aimée libre. Le premier mari de mistriss Nervinge était un vieillard ; voilà trois ans qu’elle est remariée et parfaitement heureuse.

— Eh bien ?