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donné son hôtel en s’y réservant un appartement. Henriette le connaissait très-peu ; elle n’avait passé que six semaines dans la terre de lord Nellys, où il affichait une fastueuse représentation. C’était un homme grave, dédaigneux ; sa figure était restée belle et majestueuse, et toutes ses manières étaient empreintes d’une dignité froide qui glace le cœur et défend l’intimité. Henriette connaissait tout cela ; mais elle ne l’avait jamais dit à son grand-père, car elle ne croyait pas se trouver souvent en contact avec lord Nellys ; cependant, au moment de le voir arriver, elle confia à l’amiral les craintes qu’elle éprouvait de ne pas remplir avec succès ses devoirs envers lui.

« Je redoute, disait-elle en baissant ses yeux doux et bleus déjà pleins de tristesse, je redoute qu’Edouard n’ait encore occasion de me gronder et de me répéter avec son sourire mécontent : « Mon Dieu ! Henriette, que vous êtes inconséquente ! telle chose n’est pas convenable ; l’usage défend ceci, la société ne permet pas cela ; et je crains bien que lord Nellys (car Edouard dit rarement mon père), je crains bien que lord Nellys ne s’aperçoive que vous avez peu d’usage du grand monde. »

— Je voudrais bien, moi, qu’il s’avisât de ne pas te trouver aussi aimable que jolie ! s’écria l’amiral ; n’es-tu pas bonne, n’as-tu pas des talens ? Il est vrai que je ne t’ai point mis en pension en sortant de nourrice, et que