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lord Nellys sortait de cette réserve, c’était pour s’élancer dans des discussions que les convenances empêchaient seules de devenir des disputes. La différence de leur caractère, de leur manière de voir,’amenaient alors entre lord d’Estall et sir Nellys des conversations peu faites pour distraire le bon amiral, qui, jusqu’ici, pour plaire à sa petite-fille, avait gardé des goûts assez jeunes, dominé aussi par le penchant naturel que les vieillards ont pour ce qui les égaie ; il ne retrouvait enfin un peu de gaîté qu’alors que sir Nellys était retenu au dehors.

Henriette elle-même s’étonna d’abord de se trouver plus à son aise quand son mari n’était pas là, car elle l’aimait toujours d’une tendresse aussi profonde ; mais dans cette affection il n’y avait plus cette confiance qui y donne tant de charmes. Les yeux d’Edouard étaient devenus si sévères qu’elle ne les cherchait plus ; le son de sa voix la faisait tressaillir de terreur, et, pour leur malheur à tous les deux, lord Nellys s’apercevait déjà de l’impression qu’il produisait sur sa femme, lorsqu’une circonstance vint encore ajouter à la gêne de leur intérieur.

Le père de sir Nellys, qui habitait ordinairement une terre dans le pays de Galles, était attendu à Londres, où il venait pour consulter les médecins sur sa santé, déjà depuis long-temps altérée ; il était au moment d’arriver. À l’époque du mariage de son fils, il lui avait