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naturelle du caractère ; long-temps cette feinte ne cache que des enfantillages, puis elle en vient à cacher des fautes. Sans doute Henriette était bien loin d’en être là ; cependant, quand sir Nellys rentrait chez lui, quand le bruit du marteau du maître l’annonçait, par un mouvement tout-à-fait involontaire le maintien d’Henriette devenait sérieux et posé ; l’amiral lui-même, qui n’avait jamais tremblé ni à l’approche d’un orage, ni à la nécessité d’un combat, se sentait troublé en présence de sir Nellys ; lord d’Estall seul semblait conserver la même aisance et soutenir la conversation avec gaîté ; seulement quelques légers plis venaient ternir la pu reté de son front : enfin il y avait effort dans son sourire, et il ne tardait pas à quitter la place.

Ces nuances furent long-temps imperceptibles, puis elles devinrent plus marquées, et le malaise ne put plus se cacher. Il en arriva ce qui arrive toujours alors, c’est que celui qui répand cette gêne, loin d’y mettre du sien, en veut aux autres du sentiment qu’il inspire.

Lord Nellys prit une aversion décidée pour lord d’Estall, qu’il accusait tacitement de tout ce qui arrivait ; mais, loin d’être franc avec sa femme, de lui avouer les sentimens qu’il éprouvait, il montrait plus de politesse à lord d’Estall ; mais cette politesse avait quelque chose de digne, d’emprunté, qui redoublait la froideur et l’embarras de leurs réunions ; souvent aussi, quand