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donné un de ces fameux raouts où l’on s’étouffe, où l’on reçoit tout Londres, et qui fait que le lendemain, dans le Morning-Chronicle, on a la satisfaction de lire son nom accompagné de blâme ou d’éloges, on savait déjà que la petite-fille de l’amiral B… était une très jolie personne. Sir Devereux, ce dispensateur à la mode de la réputation des femmes, s’était chargé de le proclamer partout. Cela n’aurait été qu’une aimable vérité, s’il n’eût pas ajouté que la jeune mistriss Nellys avait déjà un amant, et n’eût, sans hésitation, nommé lord Charles d’Estall ; il disait même que le bon, l’excellent mari ne se doutait de rien, puisque le favori de sa femme était parfaitement reçu et accueilli chez lui.

Il était vrai que l’amiral, aimant peu le monde et regrettant tous les jours davantage la tranquille retraite qu’il avait quittée pour suivre sa petite-fille à Londres, ne trouvait quelques momens de plaisirs que lorsqu’il était seul avec Henriette et lord d’Estall, et que ses plus douces distractions se composaient de quelques promenades aux environs de Londres dans une calèche découverte, où il était rare qu’Henriette, son fils dans les bras, ne fût pas placée près de lui, et tout aussi rare que lord Charles d’Estall ne galopât point à côté de cette voiture.

Lord d’Estall s’avouait-il le sentiment véritable qui le rendait si attentif auprès de son vieil ami, et ce