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trop sévère pour des bagatelles et des imprudences d’enfant.

— Et mistriss Nellys voit-elle beaucoup de monde ?

— Pas encore : Nellys prétend qu’elle est trop jeune, trop peu formée, trop naïve enfin. Cependant, cet hiver il doit ouvrir sa maison, et si tu es bien certain de ne pas trop aimer Henriette, je serais bien aise que tu fusses souvent près d’elle ; tu lui apprendrais à faire les honneurs de sa maison, tu la mettrais au fait de ces usages du monde, de ces convenances auxquelles son mari tient tant, et sur lesquelles je ne suis pas formol, qui ai passé ma vie entre le ciel et l’eau. La pauvre enfant ne m’a jamais quittée, et ce n’est pas moi vraiment qui lui ai appris à feindre de s’amuser quand elle s’ennuie, à cacher le plaisir qu’elle éprouve, quand ce plaisir blesserait peut-être un peu les convenances. Je n’entends rien à tout cela, moi, vieux marin que je suis.

— Ah ! vous avez bien fait de ne rien changer à son aimable naturel ! s’écria lord d’Estall, et si elle était ma femme, j’adorerais et son abandon naïf et sa confiance pleine de grâces, et…

— Mais elle ne l’est pas, interrompit l’amiral, et il ne faut rien adorer du tout. Cependant, mon jeune ami, puisque vous voilà revenu, venez me voir souvent pendant que je suis malade, cela égaiera Henriette, qui reste toujours auprès de mon fauteuil. »