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qu’on accorde seulement en Angleterre aux jeunes per sonnes avant le mariage lui paraissait peut-être juste, mais il disait hautement que leur langage et leurs manières, manquant de retenue, nuisaient à leurs grâces. Charles prétendait enfin qu’une douce et honnête liberté devait être accordée à la femme qu’on estime assez pour lui donner son nom.

Ce langage, il l’avait tenu souvent devant Henriette Harrington quand elle était très-jeune, car il avait vécu avec elle dans une grande intimité, amenée par l’amitié que lui portait l’amiral, dont son père, lord d’Estall, avait été le plus intime ami. À son lit de mort il lui avait presque légué son fils ; de même, il avait bien des fois répété à celui-ci de considérer le vieil amiral comme son second père.

Depuis la mort de son père, jamais lord d’Estall n’avait oublié cette recommandation ; il avait vu élever Henriette, dont la mère était morte qu’elle était encore au berceau ; bien des années il avait joué avec l’aimable enfant, et jamais il ne revenait de France sans lui rapporter quelques jolies bagatelles de ce pays. Pendant son dernier voyage, qui fut très-long, Henriette devint une belle et grande jeune fille, et elle s’attacha à sir Edouard Nellys. Si ce ne fut point précisément de la douleur que lord d’Estall éprouva en apprenant cette nouvelle, du moins se dit-il avec abattement :