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lord d’Estall arracha un éclat de rire assez franc à la jeune miss dans un moment aussi grave aux yeux de sir Nellys que celui où l’on lisait les articles. Le lendemain, le mariage fut célébré. En sortant du temple, les jeunes époux se disposèrent à monter en voiture pour se rendre dans le pays de Galles, où le père de lord Nellys possédait une terre. C’était la première fois que la pauvre Henriette se séparait de son grand-père ; elle n’avait osé insister pour qu’il en fût autrement ; d’ailleurs, son attachement, et à présent qu’elle était sa femme, on pouvait le dire, son amour pour Edouard la rendait bienheureuse de ce mois qu’elle devait passer avec lui dans la solitude. Mais quand elle sentit les bras débiles et tremblans de son vieux père s’attacher à sa taille délicate, quand elle vit deux grosses larmes rouler sur ses joues pâles et ridées, elle poussa d’amers sanglots et ne voulut plus partir ; elle ne remarquait pas qu’autour d’elle était rangée la famille de son mari ; car, pour elle, elle n’avait point d’autres parens que l’amiral et que ceux de sir Nellys, lesquels étaient embarrassés à la vue d’une douleur qu’ils ne pouvaient partager ni comprendre, et prêts peut-être à jeter le ridicule sur elle ; quoique plus attendri sans doute, lord Nellys était tenté de trouver que sa femme dé ployait une sensibilité qui était presque une offense, et dans ce moment il fixa lord d’Estall, dont les yeux