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suis senti le besoin de solitude, car ne dois-je pas réfléchir sur l’acte à la fois doux et sérieux qui va me faire le compagnon, le protecteur de celle que vous daignez me confier ? Non que cette noble tâche me paraisse au-dessus de mes forces, puisque je sens dans mon âme toute l’ardeur, tout le dévoûment qu’il faut pour la bien remplir. Monsieur l’amiral, puis que la vue de miss Henriette m’est refusée pour aujourd’hui, permettez-moi de lui offrir l’écrin de ma mère ; mais ce n’est pas, je l’espère, ce qui la touchera le plus, et, si je la connais bien, ce sera plutôt la simple émeraude qu’elle trouvera dans cet écrin. Ma mère la tira de son doigt à son lit de mort : « Edouard, me dit-elle, ne la donne jamais qu’à la femme que tu sentiras aimer pour la vie, au caractère de laquelle tu accorderas une profonde estime, une parfaite confiance. » Le moment est arrivé, sir, où l’anneau de ma mère doit sortir de mes mains pour entrer dans celles de miss Henriette. En le lui envoyant, je lui prouve ainsi que c’est sans crainte que je lui confie le bon heur de ma vie, et surtout que je lui confie mon honneur, qui m’est cent fois plus cher qu’elle.

» Agréez, monsieur l’amiral, etc.


Ce n’étaient plus maintenant des larmes d’inquiétude qui coulaient des yeux d’Henriette ; tout entière à l’a-