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« Vous saurez donc, Henriette, reprit-il, que, voulant causer longuement et raisonnablement avec vous, j’ai fait défendre ma porte, même à sir Edouard Nellys. »

Le front d’Henriette s’assombrit un peu ; mais elle sourit si vite à son grand-père, qu’il n’eut pas le temps de le remarquer.

« Vous vous mariez demain, mon enfant, continua-t-il ; demain vous prenez un maître ; demain votre volonté ne sera plus seulement soumise à l’amitié et à la faiblesse d’un vieillard pour qui vos désirs et vos petits caprices sont des lois ; demain vous entrez dans une classe à la quelle on demande, chez nous autres Anglais, non-seulement des qualités, des agrémens, mais des vertus, car chez nous le mariage est sérieux, Henriette ; sérieux ! et vous avez seize ans… J’aurais voulu vous établir plus tard, mon enfant, et peut-être avais-je d’autres projets ; mais vous aimez tendrement Edouard ; mais il éprouve une si violente passion pour vous, que j’ai craint d’être accusé d’égoïsme si je ne consentais pas. On aurait dit que je voulais vous garder pour me soigner, que je vous sacrifiais à mon intérêt ; car c’est un bien beau mariage que tu vas faire, Henriette, toi, simple jeune fille, presque élevée par un vieux marin ! Qui sait d’ail leurs si vous-même, Henriette, vous n’eussiez pas trouvé importun ce grand-père tant aimé jusqu’à ce jour ? J’ai dû céder. On signe le contrat demain, et le jour d’a