Page:Collectif - Le livre rose - 4.pdf/110

Cette page n’a pas encore été corrigée

taches d’un rouge violacé, et ses yeux, pleins de sang, eussent été effroyables à contempler, si l’extrême faiblesse à laquelle l’avait réduit les saignées qu’on lui avait faites n’en avait adouci la dureté ordinaire.

Amélie entra s’appuyant sur Marie ; elle était si remarquablement pâle, que Lionel, malgré sa préoccupation de son père, ne put s’empêcher de s’avancer vers elle. Lord Edgermond souleva alors ses paupières appesanties ; mais sa tête retomba sur sa poitrine, et il poussa un profond soupir.

« Mon père, balbutia doucement Lionel, voici ma cousine que vous avez désiré voir. »

Lord Edgermond, s’appuyant sur l’épaule de son fils, essaya de se soulever, et tendit la main à sa nièce ; mais elle était encore trop frappée de ce qu’elle venait de lire, elle ne se sentit pas la force de la prendre, et cette main retomba pâle et livide.

« Amélie ! » prononça Lionel avec l’accent du reproche.

Elle leva les yeux, et, remarquant les regards désespérés de Lionel, elle tomba à genoux et à demi évanouie près du fauteuil du mourant. Lord Edgermond fit signe à ses enfans qu’il voulait parler à sa nièce, et ils s’éloignèrent de quelques pas.

« Vous savez tout, murmura le vieillard d’une voix creuse et mourante ; vous pouvez rendre ma mémoire odieuse, la livrer au mépris de mes enfans, et…