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lui assurai, que son père avait envoyé cet original lui même à quelqu’un que je ne connaissais pas, et il a toujours vécu dans l’inquiétude de voir reparaître ce papier. Il me ramena au château, me fit jurer, sur la Bible, que jamais je ne révèlerais un mot de ce qui s’était passé. Je jurai, mais le remords a déchiré ma vie et a fini par momens d’altérer ma raison. J’avais caché le testament dans les plis du rideau du lit occupé jadis par sir James, et mon intention était de tout révéler à mes derniers momens. Je vous vis, miss, et le souvenir de mon jeune maître, votre ressemblance avec lui, me rendirent mon silence encore plus horrible. Enfin, voici la mort, elle me délivre de mon odieux serment et vous du vôtre, miss. J’écris à lord Edgermond, et j’espère qu’il vous fera justice, sans que vous ayez besoin d’invoquer les lois. Ah ! s’il s’avait ce qu’on souffre à l’heure suprême, quand on n’a pas fait son devoir, s’il le savait, il n’hésiterait pas. Adieu, miss Edgermond, adieu, digne fille de mon bien aimé maître, je meurs, priez pour moi. »

Cette lettre tomba des mains tremblantes de la pauvre Amélie. Son noble cœur ne pensa pas un instant au changement heureux de sa fortune ; elle ne vit d’abord qu’une chose, la dégradation d’un homme qu’elle eût voulu aimer et honorer, et cette découverte la fit pleurer amèrement.