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cheval que mon maître m’avait permis de prendre dans son écurie. Le soir, à la nuit tombante, je m’arrêtai à une petite auberge où je comptais passer la nuit ; il n’y avait point de places, et malgré les avertissemens qu’on me donna sur le danger, je persistai à ne point attendre le jour et me remis en voyage. J’avais à traverser un bois qu’on m’avait dit rempli de brigands, et j’étais déjà à plus de moitié, quand le galop d’un cheval se fit entendre ; par précaution je me rangeai sur le côté de la route, mais une voix bien connue, et qui ne se déguisa point, me cria d’arrêter :

« Remets-moi, cria impérieusement lord Edgermond, remets-moi les papiers que tu as sur toi. Je sais que mon père a vu un notaire, et pourtant je n’ai rien trouvé dans son secrétaire. Un pressentiment me dit que tu es porteur de quelque acte ; remets-le-moi, ou tu vas mourir. »

» J’aurais dû mépriser la vie et ne pas céder ; mais j’eus peur, je l’avoue ; puis, je pensai que quand je ne serais plus lord Edgermond se rendrait également possesseur des papiers, et je consentis à les lui donner. Mais Dieu permit que le crime ne s’accomplît qu’à demi. Je n’avais dans mon porte-feuille que la copie du testament, qui devait être remise à sir James : l’original était caché dans ma ceinture avec quelques pièces d’or. Votre oncle crut, comme je le