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dit-elle à l’homme qui se présenta, crevez un de mes chevaux, mais remettez cette lettre à M. de Verneuil, et, sur votre vie, ne revenez pas sans lui.

Une minute après, le messager sortait au grand galop de l’hôtel. Madame de Servière mit le pied sur la première marche qui conduisait chez Emma. « Je n’irai pas, dit-elle en revenant sur ses pas, c’est une voix amie qu’il faut entendre à cet instant suprême ; » et elle rentra chez elle, en proie à une anxiété déchirante.

Enfin une voiture entra dans la cour, M. de Verneuil en sortit précipitamment, Ernest et M. de Servière le suivaient ; Hortense entendit leurs pas au-dessus de sa tête, puis elle n’entendit plus rien. C’est que la mort était là avec son calme et son éternel silence ; c’est qu’elle commandait aux hommes et qu’elle devait être obéie.

Emma était morte.

« Monsieur, dit un prêtre resté seul à son chevet, la mourante m’a fait promettre de vous demander de lire son dernier adieu près de son cadavre.»

M. de Verneuil saisit une des mains glacées d’Emma, et de l’autre il porta le papier à ses yeux baignés de larmes. Elle demandait grâce, elle demandait pardon, elle jurait qu’elle n’avait point manqué à ses devoirs, mais elle avouait qu’elle aimait Ernest.