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Paris, et dans un jour ou deux, la cause en fut connue, non par l’indiscrétion d’aucun des deux combattans, l’un et l’autre avaient de trop puissantes raisons de tenir secrète l’aventure qui avait donné lieu à leur rencontre, mais par la faute de l’un des gens de madame d’Erneville.

Le lendemain du bal, Marianne, par suite de l’agitation que lui avaient causée les événemens de la veille, était trop malade pour se lever avant midi. Sa charge fut remplie par une autre.

« — Un duel entre le comte Adhémar et le duc de R*** ! s’écriait la marquise.

« — Oui, madame, répondit une de ses femmes ; mais ce n’est rien que cela ! il y a quelque chose de bien autrement surprenant ! » La curiosité de la marquise était excitée au dernier point, et l’air mystérieux de cette femme ne contribuait pas peu à la stimuler encore. Elle finit par savoir d’elle que le duc avait suivi Marianne lorsque celle-ci était sortie, chargée de quelques instructions concernant le souper ; qu’elle les avait épiés dans le jardin, et avait vu le galant seigneur l’atteindre, lui parler, et essayer de l’emmener dans une allée solitaire ; que, sur son refus, il l’avait saisie de force et à moitié traînée, appuyant un mouchoir sur sa bouche pour l’empêcher de crier ; qu’ensuite elle les avait suivis dans l’allée en se cachant elle-même derrière les