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nent ; à la moindre indisposition on vole au-devant de vos désirs…

« — Prétendriez-vous faire entendre, monsieur, que madame de Verneuil n’est pas bien chez moi ?

« — À Dieu ne plaise que j’aie une telle pensée, madame, vous connaissez trop les devoirs de l’hospitalité. Mais qu’est-ce que cela auprès de l’empressement d’un être qui serait tout à elle, qui vivrait de sa vie, de sa vie si faible et si fragile…

« — Quelle chaleur ! interrompit avec humeur madame de Servière ; si madame de Verneuil n’était ni jeune ni jolie…

« — Jolie ! ah ! qui penserait si la beauté lui manque. Quoi ! madame, elle se meurt, et vous croyez que j’ai - songé à sa beauté.

« — Ernest, dit Hortense en le nommant ainsi pour la première fois, vous m’affligez ; me croiriez-vous insensible, croiriez-vous donc que je ne sais pas aimer ? »

Madame de Servière était seulement enveloppée d’un long peignoir blanc ; ses cheveux en désordre et détachés couvraient à demi son cou et ses épaules. La séduction de sa beauté, les regards de tendresse qu’elle jetait sur Ernest réveillèrent un instant la passion qu’il avait eue pour elle. Il prit sa main, qu’elle avait appuyée doucement sur son bras. Cette main était bien belle, mais sa pression me fut point à l’âme d’Er-