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était si belle, et presque dans ses bras ! Cependant, en voyant approcher M. de Servière, il lui céda sa place, et après s’être assuré qu’Hortense, rentrée chez elle, se trouvait beaucoup mieux, il se retira lui-même dans son appartement.

Quoique l’émotion d’Ernest ne fût pas aussi vive qu’elle l’eût été quelque temps auparavant, il était touché de l’état d’Hortense, mais à cette image, qui avait encore quelqu’empire sur son âme, s’unissait le souvenir pur et candide d’Emma ; sans doute elle n’était pas belle comme Hortense, et le sentiment qu’elle lui inspirait n’était ni violent, ni tumultueux comme ce qu’il avait ressenti la première fois qu’il avait vu madame de Servière ; mais ce sentiment était calme et d’une douceur ineffable qui faisait du bien à son âme agitée par une effervescence coupable.

Quoiqu’il n’eût jamais avoué positivement son amour à Hortense, il ne se reprochait pas moins de le lui avoir laissé deviner. M. de Servière était un intime ami de son père, il avait soigné son enfance, il était son hôte enfin, et le cœur d’Ernest était encore assez pur, assez naïf pour se reprocher d’avoir eu la pensée de violer les droits de l’hospitalité. Peut-être, il faut l’avouer, sa conscience ne parlait-elle si haut que parce que sa passion avait perdu de sa puissance ? Peut-être enfin, sa raison venait-elle de ce