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« Je vous entends, comte, répliqua celui-ci ; l’heure et le lieu me conviennent, je serai ponctuel. »

Adhémar resta seul, soutenant Marianne. Qu’allait il faire ? La transporter à la maison, ce serait découvrir l’aventure ; elle était évanouie ; il n’avait aucun cordial sous la main pour la faire revenir. Il entendait bien le murmure d’une fontaine ; mais il n’osait l’y transporter ; elle était située dans la partie ouverte du jardin, et dans l’allée principale, où les domestiques de la marquise allaient et venaient sans cesse. Le souvenir du berceau lui revient ; c’est là qu’il va de poser le doux fardeau. En une minute, il eut gagné la chambre où les rafraîchissemens étaient déjà préparés ; une autre minute lui suffit pour le ramener auprès de Marianne avec un vase rempli d’eau ; il s’assit à côté d’elle, et, soulevant doucement la jeune fille toujours immobile, il appuya sa tête sur sa poitrine, et lui jeta un peu d’eau sur la figure et sur les tempes, jusqu’à ce qu’un ou deux faibles soupirs lui annoncèrent qu’elle reprenait ses sens.

« Laissez-moi, articula Marianne aussitôt qu’elle put parler ; et, faisant en même temps un effort pour se dégager du bras dont le comte l’entourait, laissez moi, si vous êtes un homme. »

« — Marianne, lui dit doucement le comte, c’est moi : le misérable qui vous a traitée avec tant de violence