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Il quitta de bonne heure le salon de madame de Servière pour rentrer chez lui : l’appartement de ma dame de Verneuil était au-dessus du sien, et quand vint l’heure du repos, il pensa plus à elle qu’au boudoir d’Hortense dont il était si voisin.

Cependant plusieurs jours se passèrent, et on aurait pu oublier que madame de Verneuil habitait la maison, si M. de Servière, trop bien élevé pour négliger ce qu’il devait à une femme dont il était l’hôte, n’était monté souvent chez elle pour la voir et la presser de descendre chez sa femme. Mais Emma était trop timide, et avait surtout trop de tact, pour céder à des instances que M. de Servière lui adressait seul, car Hortense, tout en se montrant remplie d’attentions et d’égards pour elle, ne faisait aucun effort pour décider son amie à vivre moins retirée ; au contraire elle l’interrogeait avec empresement sur les livres, sur la musique, qui pouvaient la distraire, et elle se hâtait de les lui envoyer. Puis elle lui dépeignait sans cesse les ennuis et les fatigues qui accompagnaient les plaisirs du monde, et, comme si elle eût entièrement oublié l’éloge qu’elle en avait fait dans ses lettres, elle se montrait si dédaigneuse des distractions qu’elle vantait tant naguère, que, malgré la simplicité de son caractère, Emma ne pouvait s’empêcher de trouver un peu d’affectation dans son langage.