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plutôt parce qu’elle éprouvait au fond de l’âme une humeur réelle. C’était une femme très-ordinaire, sans beauté, sans élégance, qu’elle comptait accueillir, et au lieu de la petite pensionnaire timide et gauche qu’elle avait jadis protégée, elle retrouvait une femme dont la taille, élégante et bien prise, n’était même pas gâtée par un habit de voyage simple et peu avantageux ; un chapeau très-avancé laissait pourtant apercevoir des cheveux châtains-clairs, brillans et doux, ne voilant qu’à demi un front pur et blanc ; les yeux d’Emma d’un brun clair avaient une expression spirituelle et naïve à-la-fois ; ils souriaient en même temps qu’une bouche si jeune et si fraîche, qu’on eût regretté qu’elle fût plus petite, car on n’eût pu apercevoir aussi bien de charmantes petites dents. Cette gracieuse physionomie, sans perfection peut-être, était si attrayante qu’elle inspirait, au premier coup d’œil, un penchant irrésistible, et un son de voix mélancolique donnait un attrait de plus à l’aimable femme. La grace attrayante d’Emma excita un mouvement d’envie très-amer dans l’âme de la brillante Hortense, elle, qui s’était crue jusque là sans rivale en beauté, frémit de colère en pensant qu’elle ne pouvait en avoir une plus dangereuse que cette jeune malade si abattue, que cette provinciale qu’elle s’était plue à se figurer gauche et dépourvue de grâces. Dès