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amie dit hautement qu’elle quitterait la pension, et on savait assez l’empire qu’elle exerçait sur ses parens, pour être certaine qu’elle ne ferait que sa volonté. Emma avait trop de candeur pour rougir de devoir tant à l’amitié, aussi s’attacha-t-elle à mademoiselle de Merville avec une tendresse vive et profonde. Hortense elle-même l’aimait autant qu’elle pouvait aimer ; et quand elle quitta la pension, elle n’oublia point le portrait de la belle vierge qui flattait au moins autant sa vanité qu’elle avait touché son cœur.

Cependant les plaisirs du monde, les distractions nouvelles produisirent leur effet accoutumé ; et, après son mariage, madame de Servière ne tint point la promesse qu’elle avait faite de faire venir son amie chez elle. Emma, privée de sa protectrice, qui ne venait la voir que rarement , se déplaisait beaucoup à la pension ; et pourtant son tuteur venait de lui déclarer qu’elle n’avait pas d’autre ressource que de chercher à s’y fixer comme institutrice. La pauvre enfant allait donc se soumettre à cette laborieuse et ingrate carrière, avec une santé faible et une poitrine déjà attaquée ; elle allait promettre patience, soumission et abnégation d’elle-même, avec une tête vive et un cœur sensible. Son tuteur, fixé à La Rochelle, fit un voyage à Paris pour arranger cette affaire, et encore plus pour s’occuper de l’avancement