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trois mois avant le concours, celles qu’on appelle les brillans sujets ont tous les soins, toutes les leçons ; les autres sont négligées, et, si elles paraissent, ce n’est que pour faire ombre au tableau. Et puis Emma n’avait point de mère pour veiller à ce que sa toilette fût fraîche et soignée ; un tuteur, demeurant loin d’elle, et de plus, assez indifférent, ne s’informait presque jamais ni de ses besoins, ni de ses plaisirs. La pauvre Emma sentait bien son malheur, et, à chaque marque d’oubli ou d’injustice, elle s’écriait : « Ah ! si j’avais ma mère ! »

Pourtant elle ne se décourageait pas, et comme elle ne manquait ni de caractère, ni de persévérance, elle conçut l’idée d’exécuter un ouvrage qui donnât l’idée de ses talens. Elle allait souvent à la messe dans une église où se trouvait un très-beau tableau représentant la Vierge ; la figure seule ne lui plaisait pas. Elle se détermina à le copier, et changeant seulement la figure elle y substitua celle d’Hortense de Merville, dont les traits étaient aussi purs que ravissans, Emma réussit. Le dessin était charmant ; et sans s’en être seulement doutée, la pauvre petite s’acquit par là une amie puissante.

Mademoiselle de Merville s’étant déclarée sa protectrice, Emma n’eût bientôt plus à souffrir d’injustices ; on n’osa plus la maltraiter, car sa nouvelle