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un instant, quoique ses yeux fussent encore fixés sur la toile, il ne voyait que les traits de Marianne. Sa Marianne, elle était plus belle encore que la femme du comte Archambauld ; puis, ses yeux s’arrêtant sur une grande table, placée près de lui, où se trouvait la généalogie de sa famille, il prit le volume blasonné, et l’ouvrit. C’est là qu’était écrit d’un côté le glorieux nom d’Archambauld V, accompagné d’une longue série de titres, et sur le côté opposé, le simple nom de Marianne l’Estrange, sans aucune autre appellation. La plus belle femme de sa lignée n’avait pas une seule goutte de sang noble ! D’étranges pensées passèrent dans l’esprit du comte Adhémar, quand il remit à sa place le monument généalogique ; il se leva de son siége ; un autre portrait, placé près de lui, frappa ses regards, c’était celui d’Archambauld VIe du nom, fils de Marianne l’Estrange, le plus brave, le plus généreux et le plus accompli des ancêtres du comte. Ses traits lui rappelaient ceux de sa propre mère, si ce n’est qu’ils avaient une énergique empreinte de virilité ; Adhémar sourit à la vue des nobles attitudes dans lesquelles quelques-uns de ses plus proches aïeux étaient peints, et comme il sortait de la galerie, il reporta encore ses regards sur eux, en prononçant deux ou trois fois le nom de Marianne l’Estrange : « Et pourquoi, dit-il en descendant le spacieux es-