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d’Erneville avait eu une première inclination qu’elle avait ensuite dédaignée à cause de la perspective d’une alliance plus illustre avec lui. Dès ce moment, Adhémar n’assistait plus à la toi lette de la marquise, que par intérêt pour Marianne.

La grâce exquise de toute sa personne augmentait l’impression qu’elle lui avait causée à la première vue. Il ne pouvait se lasser d’admirer cette expression animée de sa figure, où brillait je ne sais quoi de divin, qu’il n’avait jamais remarqué sur un visage de femme ; la modestie et la candeur qu’on lisait sur le sien, et le son de sa voix dont la douceur le remuait si profondément, et les gracieuses proportions de sa taille, dont la beauté semblait s’accroître à mesure qu’on les examinait ; tout l’assurait enfin que Marianne était un être créé pour faire le bonheur de l’homme qu’elle choisirait, et tous ses désirs se concentraient dans ce lui de devenir cet homme.

Mais le comte Adhémar avait-il jamais pensé à épouser Marianne ? Non. Le comte était homme d’honneur, mais susceptible de passions vives, et il est souvent dans la destinée de cette espèce d’hommes de s’abandonner à une forte tentation, et de croire pou voir commander à leurs désirs, jusqu’à ce qu’enfin l’ascendant de la passion devient tel, qu’il leur ôte toute force pour y résister. Ce jour-là, Adhémar s’abstint