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y entra avec eux. Madame d’Erneville prit le bras de ce gentilhomme, en se dégageant de celui du comte, lui donnant pour toute excuse le besoin qu’elle avait de causer avec son rival. Elle se promena long-temps en effet, avec, ce dernier.

Adhémar n’en témoigna ni tristesse, ni regret, et s’inclina avec beaucoup de calme, quand le nouveau venu, d’un air triomphant, offrit de nouveau son bras à la marquise. Il n’aurait pas supporté cet acte de légèreté si patiemment deux mois auparavant ; l’affection que le comte avait pour elle était donc évidemment sur son déclin, et c’était Marianne qui était la cause de ce changement. Elle pouvait, sans doute, renvoyer Marianne de son service ; mais quelle raison donner en la congédiant ? elle y songerait.

Madame d’Erneville pensait juste. Le comte avait réellement conçu pour Marianne une ardente passion ; quant à la marquise, il ne l’avait jamais aimée véritablement.

Elle était la femme la plus à la mode de Paris ; la beauté régnante, en un mot : il était naturel qu’il s’at tachât à son char. Son rang l’avait fait distinguer, parmi ses admirateurs, comme le plus digne d’aspirer à sa main. De là, comme je l’ai remarqué, la préférence dont elle lui avait fait honneur ; car la passion qui dominait l’esprit de la marquise était l’ambition. Ce-