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fermé dans mon cœur comme dans un sanctuaire, je vais vous la dire. Il y avait là une jeune fille, je ne vous la dépeindrai pas, je vous la nommerai tout-à-l’heure, une jeune fille de seize ans, milord, un enfant, et sans m’en apercevoir cet enfant devint bientôt mon unique pensée ; sans aucun espoir, non pas de lui plaire, mais d’être remarqué par elle, je passais ma vie à la regarder, à l’entendre ! J’étais bien sûr qu’elle ne m’aimait pas, mais je me croyais aussi sûr qu’elle n’en aimait pas d’autre ; au moins je la voyais si calme, et si inattentive au milieu des hommages dont elle était l’objet, que rien ne venait troubler la paix dont le seul son de sa voix remplissait mon âme, et je jouissais de chacun de ses mouve mens, de chacune de ses paroles comme de quelque chose qui m’appartenait à moi seul, car je savais bien qu’entre tous les jeunes gens empressés autour d’elle, moi seul je l’aimais comme elle devait être aimée. J’arrive à la fin, milord ; un soir deux jeunes gens causaient devant moi ; elle était là, et je n’écoutais qu’elle, même quand elle se taisait. Cependant, son nom, prononcé par eux, me rendit attentif ; ils m’apprirent ce dont je me suis assuré depuis, ce qui fait que je quitte pour jamais l’Angleterre. Miss Henriette Weyland sera demain votre femme. Hélas ! milord, ne croyez pas qu’un senti-