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crus qu’il voulait prendre sa revanche ; je savais qu’il devait danser avec ma sœur, et j’applaudis en moi-même au moyen fort innocent qu’il avait trouvé de lui faire savoir, car il me connaissait assez pour être sûr que je ne manquerais pas de lui aller dire, qu’il n’avait aucun empressement de voir arriver ce moment là. Après avoir fait tranquillement ma petite histoire à votre mère, je m’assis et j’écoutai la musique qui commençait, sans m’occuper de tout cela davantage. À la fin du second morceau, ma sœur vint me prendre par le bras en me priant de faire un tour de salon avec elle.

Je vis qu’elle avait l’air triste et embarrassé, je cher chai des yeux lord Henri ; elle devina ma pensée : « Oh ! il n’est plus ici, » me dit-elle. Il y avait bien du repentir dans la manière dont ce peu de mots étaient prononcés. Il était très-vrai qu’Henri avait disparu.

Deux heures se passèrent, votre mère comptait toutes les minutes avec anxiété. La musique avait fini sans qu’elle s’en doutât, et celle qui annonçait le commencement du bal, ordinairement si bien reçue par elle, venait ce soir de l’arracher péniblement à sa rêverie, lorsqu’en levant les yeux elle aperçut devant elle, lord Weyland tout haletant et couvert de poussière. Il venait de faire quatorze lieues pour lui donner la rose dont elle lui avait parlé, et il la tenait à sa main. Il lui